Philippe Martin, nouveau ministre de l'écologie, est réputé comme étant un fervent défenseur du développement durable. Est-il l'homme de la situation ? Retraçons la vie d'un écologiste convaincu.
Le nouveau ministre de l’écologie, du développement durable et de l'énergie - engagé mardi 2 juillet suite au limogeage de Delphine Batho - est encore assez méconnu du grand public. Mais il connaît déjà bien ce milieu.
Son parcours
Né en 1953 à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), il obtient une maîtrise en sciences juridiques, et commence ensuite sa carrière préfectorale, comme secrétaire général de mairie. Il devient chef des cabinets des ministres de l'Urbanisme et du Logement, alors Roger Quilliot (1981-1984) puis Paul Quilès (1984-1985), il suit Paul Quilès au ministère de la Défense puis aux Postes et Télécommunications et de l'Espace jusqu'en 1988. Philippe Martin rejoint alors le cabinet de Michel Charasse au ministère du Budget, où il exerce comme chef de cabinet de 1988 à 1992. Il devient ensuite préfet du Gers, puis des Landes avant de finalement revenir à la tête du conseil général du Gers. Il est élu député (PS) du Gers en 2002.
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Son engagement écologique
Vice-président du groupe PS à l'Assemblée nationale, il y fait aussi partie du Groupe Socialiste, Radical et Citoyen (SRC) et il est membre de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de celle-ci. Mais Philippe Martin est aussi un homme de terrain.
Ce bon-vivant, sportif défend fermement l’agriculture bio. Il a mené plusieurs combats écologiques à bien, de par sa fermeté et son engagement profond.
Il est particulièrement reconnu pour son combat contre les OGM. Il a notamment interdit les expériences de certains maïs transgéniques Mons 810 en plein champ dans le Gers, notamment à travers un sondage direct et une communication publique très engagée.
De plus il a contré la Commission Européenne pour son autorisation d’importation de maïs transgénique pour la consommation, en déposant un recours auprès de la Cour de Justice.
Il a également fait de la résistance contre la Californie, qui a rendu illégal le foie gras d’origine : il a répondu par un boycott des vins californiens.
Allez, encore un exemple : il est l’un des premiers et des rares a avoir permis à la restauration collective des institutions publiques de tout un département (hôpitaux, collèges, écoles…) d’être fournie exclusivement auprès des agriculteurs locaux, selon le principe des circuits courts - c’est-à-dire lorsqu’une chaine de distribution diminue les pertes, en produit ou en transport, du fait de consommer local. De la “social-écologie”, comme son mentor l’aurait qualifiée.
Il est donc pleinement conscient des enjeux écologiques de demain, ainsi que la plupart des domaines qui sont impactés. Certains pensent que son alliance entre paroles et actes sera un plus indéniable par rapport à son prédécesseur, changement qui serait particulièrement bénéfique pour animer les esprits en faveur du développement durable. Il s’est d’ailleurs déjà lancé dans le feu de l’action.
"L'écologie est une urgence absolue"
Trois grands dossiers sont au programme : la transition énergétique (qui fait d’ailleurs débat national), la prochaine conférence environnementale prévue en septembre et les questions internationales, intimement liées à l’écologie (indépendance et sécurité énergétique).
En 2015, la grande conférence annuelle sur la question climatique se tiendra même à domicile. La France accueillera les 192 pays de l'ONU pour mener un débat de plus en plus brûlant. Connu pour être un bon orateur, ses qualités pourront s’avérer essentielles dans un ministère bousculé par tous les événements.
Son entrée au gouvernement renforce l'influence des amis de Laurent Fabius, après la promotion au Budget de Bernard Cazeneuve pour remplacer Jérôme Cahuzac en mars. Avoir été aux côtés de Claude Bartelone, président de l’Assemblée Nationale, lui a permis de confirmer une notoriété et une habileté d’engager les gens à le suivre. Pascal Canfin, ministre (EELV) délégué au Développement, a également salué l'arrivée de Philippe Martin au sein de l'écologie. "Il est historiquement très engagé contre les OGM dans le Gers, et il a signé il y a quelques jours une résolution très favorable sur la fiscalité écologique pour taxer davantage les pollutions", s'est félicité le ministre.
Serait-ce donc l’homme de la situation pour enfin convaincre François Hollande et Jean-Marc Ayrault des bénéfices de la transition énergétique, tant au plan social, écologique, économique, industriel, et dans les affaires étrangères de la France, quelque peu bousculées ces derniers temps ?
En tout cas, il va hériter de sept sujets plutôt sensibles :
- La fiscalité écologique
- La hausse des tarifs d'électricité
- Le débat sur la transition énergétique
- Linky et Gaspar
- La restructuration d'EON
- Les concessions hydroélectriques
- La réforme du code minier et du droit de l'environnement
L'avis de Solorea
Solorea espère du moins que cette intimité entre M. Fabius et M. Martin, c’est-à-dire entre l’international et l’écologique, fera profiter le photovoltaïque, industrie de plus en plus fragilisée par une compétition internationale et sans pitié. Du moins, nous pensons que la voix de l’écologie gagnera en notoriété, et qu’une coopération plus proche entre les deux ministères fera pencher la balance un peu plus vers le développement durable. Au fait, saviez-vous que Laurent Fabius détenait plus de 66 000 euros de titres dans deux PME spécialisées dans le solaire (PrimaSolaire et Panhelios Energy) ?
Enfin...ne tirons pas de conclusions trop hâtives.