Nos factures d'électricité vont augmenter de 5% le 1er août 2013 ; et 5% supplémentaires le 1er août 2014. C'est l'augmentation la plus haute de la dernière décennie. Pourquoi une telle hausse ? Explication...
Cette augmentation a été menée par le gouvernement...lourde décision en les temps qui courent, certes. Mais elle reste tout de même inférieure aux préconisations de la CRE (Commission de la Régulation de l’Énergie), qui avait recommandé une hausse de 6.8% à 9.6%, et en plus un rattrapage de 7.6% pour combler les insuffisantes hausses des années précédentes.
Aujourd'hui, la hausse de 5% représenterait environ 50€ de plus par an en chauffage (si électrique). "Le gouvernement a décidé de lisser, sur plusieurs années, les hausses de tarifs nécessaires à la couverture des coûts d'EDF, prévue par la loi, afin de protéger autant que possible le pouvoir d'achat des ménages", a insisté le nouveau ministre de l'Energie Philippe Martin dans un communiqué.
Cette doubles hausse de 5% sur un an sera en effet insuffisante. La CRE a d'ores et déjà averti que les prix de l'électricité devraient s'envoler de 30% entre 2012 et 2017 afin de couvrir la progression des charges d'EDF et ses dépenses pour renforcer la sûreté du parc nucléaire hexagonal.
Voici l'évolution du tarif d'EDF pour les particuliers depuis 2003 :
Pourquoi les prix augmentent-ils ?
Il est intéressant d’identifier en premier lieu l'origine de votre facture EDF. Celle-ci peut se découper en trois parts :
- L'acheminement : le coût nécessaire pour que l'électricité parte d'une centrale (souvent nucléaire) jusqu'à votre foyer. C'est la TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics électricité).
- La fourniture : le coût de production d'électricité, de sa commercialisation, de la maintenance des centrales et de leurs démantèlements.
- La fiscalité : quasiment 30% de votre facture (la France est l'un des pays européens qui taxent le plus l'électricité). TVA, la CTA (Contribution tarifaire d'acheminement), la CSPE (Contribution au Service Public d’Electricité) et la TCFE (Taxe sur la Consommation Finale d’Electricité).
Voici illustrée la décomposition de votre facture :
Cette augmentation doit couvrir les augmentations des coûts d'EDF, qui en réalité augmentent constamment. Mais bien (trop) souvent, EDF étant une entreprise principalement publique, l'Etat se charge de payer la différence pour épargner le pouvoir d'achat des particuliers, s'endettant ainsi, et repoussant l'échéance. Aujourd'hui, notre prix d'énergie artificiellement bas est en phase de se rééquilibrer. Les coûts d'EDF ont augmenté plus vite que ses prix. En 2012, cela se serait traduit par un trou de 1,47 milliards d'euros dans les caisses de l'entreprise.
Ce n'est pas par hasard si la France a le prix d'électricité le plus bas d'Europe :
Voici les raisons principales des augmentations des coûts d'EDF :
- Le coût de maintenance des centrales nucléaires est très élevé - et ils ne fera que monter au fur et à mesure que les centrales vieillissent. Les réacteurs devraient nécessiter plus de 50 milliards d'euros d'investissements sur dix ans.
- La rénovation du réseau électrique. Là encore, la facture évoquée est salée : 15 milliards d'euros.
- Après l'accident de Fukushima, la France s'est engagée dans un renforcement de la sécurité de ses centrales. Et cette sécurité n'est pas bénigne : plusieurs milliers dispositifs de sécurité vont être mis en place.
- Enfin, le prix de l'électricité en France est inférieur aux prix pratiqués ailleurs en Europe. L'ouverture du marché, le développement des énergies renouvelables et la nécessité de réduire la consommation plaident pour une hausse des prix.
L'avis de Solorea
Cette augmentation n'est en rien surprenante... mais tous les médias en font un événement, car elle est constante et elle réduit le pouvoir d'achat du consommateur. Au fond, Greenpeace n'avait pas complètement tort en nous envoyant cette fausse facture du futur. Le nucléaire a un coût, et ce n'est que se voiler la face ou ne pas penser aux générations futures que de penser qu'il est sans conséquences. C'est bien dommage que le lobby nucléaire, évidemment extrêmement puissant en France, contraigne toute piste de développement énergétique alternative, sous prétexte que le nucléaire n'est "pas cher". A ceci, Solorea répond : "nous en reparlerons demain !".