Vendredi 20 mars 2015, l'Europe sera traversée par une éclipse solaire avec 80% du disque masqué par la lune. En France, vous pourrez admirer ce phénomène rare en milieu de matinée, entre 8h et 10h30 environ selon les régions. A en lire les nombreux articles de journaux, la crainte d'une coupure d'électricité est grande, et le photovoltaïque est largement mis en cause. Alors, à qui la faute, et quels sont réellement les risques ?
Les conséquences de l'éclipse solaire selon le RTE
Vendredi 20 mars, c’est toute la production photovoltaïque des centrales solaires européennes qui sera touchée avec, si c’est une journée ensoleillée, jusqu’à 35 000 MW de perte de production soit plus de 10% de la consommation électrique européenne. En France, cette perte est estimée à 2 000 MW qu’il faudra couvrir par d’autres sources d’énergie.
Cependant, le président du RTE - Réseau de Transport de l’Electricité - déclare que ces prévisions sont à relativiser car, si le temps est nuageux, l’éclipse solaire ne se fera que très peu ressentir sur la production d’énergie photovoltaïque étant donné que de toute façon elle aurait été basse. Ce que met en exergue le site Universe Today, spécialiste en astronomie, est que «Quand une petite zone géographique se couvre de nuages, à l’échelle régionale, d’autres zones découvertes ou partiellement ensoleillées peuvent compenser. Une éclipse solaire partielle est fondamentalement différente parce que les variations de lumière sont uniformes à une très grande échelle». Mais ce qui est important de savoir est que le problème lors d’une éclipse, ce n’est pas le manque d’ensoleillement, mais la vitesse de cette perte et de cette reprise de lumière qui est environ 3 fois plus rapide que la normale.
L'éclipse solaire peut-elle provoquer une coupure de courant ?
Le risque majeur lors d’une éclipse solaire n’est donc pas la perte de production en elle-même, mais le déséquilibre entre la quantité d’énergie produite et la quantité d’énergie consommée. En effet, cet équilibre exprimé en fréquence hertz et une variation trop rapide de cette fréquence déclenche l’arrêt automatique des réseaux électriques pour protéger les infrastructures. Heureusement, l'éclipse interviendra en début de matinée et pas durant un pic de consommation.
Etant donné que l’Europe est interconnectée électriquement, si un pays est en difficulté énergétique, ce sont tous les autres pays européens qui en pâtissent. Vous l’aurez compris, c’est l’ensemble du réseau électrique européen qui est menacé. Il est donc impératif de garder l’équilibre production-consommation.
Dans ce sens, une coordination européenne entre les gestionnaires de réseaux s’est mise en place avec l’élaboration d’un plan d’actions prévoyant notamment l’augmentation des réserves d’énergie de chaque pays. «Nous devons être en situation de pouvoir compenser une variation très rapide de la production» a déclaré Nathalie Lemaître, directrice adjointe du Centre national d'exploitation du système. La France a donc prévu d’augmenter de 50% son stockage d’électricité afin de réinjecter dans son propre réseau ou dans celui d’un autre pays européen, l’énergie nécessaire au maintien de l’équilibre.
En août 1999, dernière éclipse solaire de même envergure, aucune perturbation du réseau électrique n’a été observée.
Alors, la faute au photovoltaïque ?
Beaucoup de contrevérités fleurissent un peu partout dans les médias.
Tout d'abord, quand on sait des mois, des années à l'avance qu'une éclipse solaire aura lieu, alors il devient aisé de la prévoir, et d'anticiper les mesures à prendre. Les gouvernements l'ont d'ailleurs fait et ont tout prévu pour ne pas plonger la France ni l'Europe dans le noir.
De plus, rappelons le, l'énergie solaire ne représente en France que.... 0,75 % de la production d'énergie totale.
Et lorsque l'on sait que l'éclipse aura lieu en plein mois de mars et sera à son maximum entre 9h et 9h30, on peut se rassurer : la production à cette période est minime.
Pas de quoi crier au loup !
Chez Soloréa, il nous semble malheureusement que des sujets populistes font la une et accablent le photovoltaïque, et que pendant ce temps, d'autres sujets bien plus graves et bien plus dangereux pour l'avenir de notre planète sont largement omis. Un exemple ? Les cratères de méthane. En avez-vous entendu parler ? On vous en parle ici : Fonte du Pergélisol : les cratères gazeux de Sibérie se multiplient