Le conflit photovoltaïque entre la Chine et l'Union Européenne a inondé les news ces derniers temps... le photovoltaïque est une industrie relativement nouvelle qui n'a qu'une maigre importance sur le volume commercial mondial. Pourquoi ce conflit fait-il tant de bruit, et pourquoi les conséquences sont plus graves qu'il puisse n'en paraître a priori ?
Le photovoltaïque - une filière du futur
Le photovoltaïque a créé un engouement au niveau international durant les années 2000, car il représente non seulement une énergie verte, mais surtout le double intérêt d'être également un élan pour lancer une nouvelle industrie dans de nombreux pays en voie de désindustrialisation, c'est-à-dire porteuse d'espoir et d'emplois d'avenir. Cette industrie est créatrice d'emplois à toutes les échelles : au niveau manufacturier, au niveau R&D, au niveau artisanal... et en plus il fait gagner de l'argent à tout participant. Une énergie nationale plus verte donne une certaine notoriété pour l'Etat, réduit le niveau de sanctions imposées dues à ses émissions carbone, et trace la voie pour l'indépendance énergétique, solidifiant sa position géopolitique internationale.
Pour aller plus loin sur l'importance du solaire en Europe, lire nos articles sur l'énergie solaire en France & l'énergie solaire en Allemagne.
Voici un bien beau tableau, ce qui explique cet emballement international pour le photovoltaïque, et les subventions gigantesque à son égard. Seulement voilà, la réalité donne autre chose. Tout d'abord, elle nous propose une crise interminable, plombant les budgets étatiques et l'investissement. Deuxièmement, les pays développés buttent face à une "concurrence déloyale" de la part de la Chine, avec un dumping massif.
Bien plus qu'un simple différend commercial
Comme vous avez pu le deviner, c'est un conflit très difficilement solvable. Même s'il est évident qu'un arrangement diplomatique consensuel est toujours la meilleure option, il faut faire la part des choses...
Le vieux continent a besoin de ré-industrialiser. Avec un chômage le gangrénant de l'intérieur, la filière photovoltaïque peut relancer l'union sur la bonne voie.
Le problème est que la Chine prépare son industrie des années à l'avance, et se base sur une optique de l'offre (pour obtenir des économies d'échelle entre autres) et non de demande. Elle produit à pertes massives, pour pouvoir faire du dumping tout aussi massif, et manger de grosses parts de marché et s'imposer comme leader incontournable.
La crise économique ayant gravement nuit aux pays de l'occident et notamment concernant le renouvelable (qui n'est aujourd'hui une priorité que pour l'Allemagne), le photovoltaïque a subit une chute dans la demande, exacerbée par le dumping chinois cassant son industrie et ruinant la réputation du photovoltaïque par une qualité souvent négligée. Aujourd'hui, tout le monde est en surcapacité, et fait faillite.
Ce qu'il faut voir est que les deux camps ont failli chacun de leur côté : la Chine a voulu faire du dumping de masse, de pauvre qualité comme elle sait le faire, et l'Union n'a pas su investir dans la valeur ajoutée comme elle savait le faire. La Chine souffre d'un décalage entre son image "made in China" et son niveau de développement économique réel. L'UE souffre de son image de produits de qualité, en décalage avec son industrialisation et sa demande en carence. Inutile de dire que les temps ont changé, et qu'il ne faut plus se baser sur les principes commerciaux d'avant.
La mondialisation a apporté bien des changements dans les marchés, mais les mentalités mettent plus de temps à s'adapter. L'Union Européenne a vu un espoir dans le photovoltaïque. La crise économique l'a cependant ralentie au pire moment - alors que le photovoltaïque connaît un boom et que la troisième révolution industrielle se mettait gentiment en marche, on se rend compte que les bases financières de notre société sont instables. Quasiment plus de vision vers l'avant ; au lieu, une remise en cause rétroactive, longue et intégrale. L'Union européenne rate la vague énergie renouvelable, en oublie l'importance, et agit dans l'urgence. La Chine, elle, croît à 10% par an, dispose de fonds pour investir, et va de l'avant.
L'avis de Solorea
Un mal pour un bien ?
Étant donnée la situation actuelle de "fait accompli", les réactions sont normales. Mais une guerre commerciale pourrait plomber de nombreuses industries, à la fois chinoises et européennes. Il ne relève pas toujours du niveau de décision étatique pour arranger de telles situations.
Aujourd'hui, la tendance semblerait aller vers un rétropédalage de la part de la commission, ce qui semble être une bonne chose pour apaiser le conflit. Solorea ne prétend pas avoir la solution à celui-ci, mais nous devons prendre conscience que nous sommes passés à deux doigts d’une grave crise commercial et que la solution n’est pas toujours politique. En somme, nous espérons que ce mouvement de protection de nos industries européennes viennent du bas, des consommateurs, de la demande - plutôt qu'imposée par la commission.
Si ce mouvement européen s'enclenche enfin, et que les conséquences du conflit s'avèrent minimes, l'ultimatum de la commission pourrait paraître comme une bonne chose après tout, quelles qu'aient été leurs premières intentions.
Pour la suite des événements, lire notre article "Vers un accord Chine - UE"
